BRÉSIL . BOLSONARO SANCTIONNE LES FACS CONTESTATAIRES
Article mis en ligne par Michaële Lafontant (Haïti-France)
BRÉSIL . BOLSONARO SANCTIONNE LES FACS CONTESTATAIRES
Jeudi, 2 Mai, 2019
Lina Sankari
www.humanite.fr
Malgré de bons résultats , trois universités publiques , accusées de « semer le désordre », ont vu leurs subventions annuelles amputées de 30 %.
Pour Jair Bolsonaro, l’ université n’est pas un lieu de production et de transmission du savoir . Elle est avant tout un repère « d’ ordures marxistes » qu’il convient de purger pour ne pas « finir comme le Venezuela ». Le ministre brésilien de l’ Éducation , Abraham Weintraub, l’a confirmé en annonçant avoir privé, depuis la semaine dernière , trois universités publiques de 30 % de leurs subventions annuelles. Les campus en question – l’université fédérale de Bahia (UFBA, nord-est), l’université fédérale Fluminense à Niteroi, près de Rio de Janeiro (UFF, sud-est) et l’Université nationale de Brasilia (UNB, centre-ouest ) – sont accusés de « semer le désordre » au lieu « d’améliorer leurs performances académiques ». Comprendre , d’être des foyers de contestation de la politique du président d’extrême droite ou pire, d’avoir accueilli des débats avec des élus de gauche.
Le pouvoir a une vision essentiellement utilitariste de l’ enseignement
Peu importe que les universités en question aient, selon la publication britannique Times Higher Education (THE), progressé dans le classement mondial en passant, respectivement, de la 71e place en 2017 à la 30e en 2018 pour l’UFBA et de la 19e à la 16e pour l’UNB... « Nous avons reçu cette nouvelle avec surprise . Nous étions au courant de ces coupes budgétaires, mais nous voulions savoir quelles en étaient les raisons. S’il s’agit de ces raisons (exposées par le ministre), elles sont injustifiées », insiste le recteur de l’UFBA, João Carlos Salles. Et d’ajouter : « L’université est un lieu de liberté d’expression, de présentation publique de la recherche , de relation avec la société et ses secteurs les plus divers. »
Il faut dire que le pouvoir a une vision essentiellement utilitariste de l’enseignement. Les connaissances n’auraient de valeur que si elles peuvent être « réinvesties » sur le marché du travail . En plus de vouloir supprimer les quotas d’entrée dans les universités publiques pour les minorités ou les classes populaires, Jair Bolsonaro a annoncé la fin des financements pour la philosophie et la sociologie au profit de filières jugées plus rentables (voir l’ Humanité du 29 avril). L’université, où se forme l’ esprit critique, constitue ainsi une cible privilégiée de ce gouvernement. Il y a quelques semaines , le ministre de l’Éducation expliquait sans rire : « Quand les gens vont à l’université pour faire la fête , sécher les cours ou faire des séminaires qui n’apportent rien à la société, c’est de l’ argent gaspillé. » Bientôt une filière caricature ?
Lina Sankari
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